Comment mieux décider ? C’est une question récurrente en coaching face à la complexité de notre monde. « C’est compliqué » est d’ailleurs l’expression utilisée au démarrage, quand un manager ou un dirigeant explique la situation vécue.
La pensée complexe
C’est compliqué parce que c’est complexe. Edgar Morin (chercheur, sociologue, philosophe…) est un spécialiste de la pensée complexe. Le principe fondamental est la transdisciplinarité : tout est lié. Et, c’est d’ailleurs la définition même de la complexité. Du latin ‘’Complexus’’, qui signifie, ce qui est fait d’éléments différents et imbriqués, ce qui est tissé ensemble.
Ainsi, il faut envisager la pensée complexe sous plusieurs aspects :
– Toutes les connaissances sont liées, elles peuvent être complémentaires et antagonistes.
– Que cet ensemble n’est pas seulement la somme des parties, il peut créer des éléments (ensemble supérieur à la somme des parties), ou au contraire, inhiber des éléments (ensemble inférieur).
– Que la connaissance n’élimine jamais l’incertitude puisque nous n’aurons jamais une connaissance exhaustive de tout.
Et c’est cette complexité qui rend la décision difficile. Le travail en coaching peut aider le manager ou le dirigeant à regarder sous différents angles la situation.
Différencier choisir et décider
Choisir et décider peuvent apparaître comme synonymes. Pourtant, ces deux verbes sont différents dans leur contenu.
– Choisir, c’est analyser une situation avec ses différentes options et retenir la meilleure. Car il y a une réelle bonne option, qui se distingue des autres. Choisir, étymologiquement (kausjan, causir), c’est préférer.
– Décider, c’est aller au-delà du choix. Parmi les options, aucune n’est la meilleure ou toutes ont leur intérêt. Donc, nous devons décider parmi plusieurs choix. Décider, du latin « decidere », c’est couper, trancher.
Aussi, nous pourrions dire que choisir est donc plus facile que décider. Euh, non… Barry Schwartz, psychologue américain, dans son livre « The Paradox of Choice », montre que, plus nous avons de choix, plus il est difficile d’en faire. En effet, il va falloir comparer les options, prendre le temps de les analyser. Donc, cela demande des efforts, fait appel à nos capacités de raisonnement, avec au final, une difficulté à choisir.
Qui va se traduire soit, par le fait de décider (trancher), soit le fait de s’abstenir. Et toute décision est un pari : décider en fonction de nos connaissances, intégrer en permanence les nouvelles informations, accepter que tout peut se modifier à tout moment.
La fatigue décisionnelle
Ainsi, face à ces multiples choix, nous vivons de nombreux effets négatifs :
– L’insatisfaction voire la déception : avec tous ces choix possibles, nous recherchons le choix parfait, et nous pouvons être déçus de ne pas y arriver.
– La culpabilité : si notre choix est source d’insatisfaction, nous nous en sentons responsables, et nous pouvons nous sentir coupables de ne pas avoir fait mieux.
– La fatigue : notre cerveau dispose d’une capacité d’attention limitée pour prendre des décisions, et cela lui demande des efforts pour faire des choix.
– La paralysie : cette abondance de choix, cette fatigue, peuvent nous amener, au bout, à ne rien faire, à remettre notre choix ou notre décision à plus tard, voire à ne plus être capable de prendre des décisions, même les plus simples.
Comment mieux décider ?
Pour faciliter votre prise de décision, je vous propose plusieurs pistes :
– Planifier : fixez-vous un temps limite pour choisir et éviter des digressions de tous genres.
– Recueillir : collectez des informations, cherchez différents points de vue, d’autres arguments.
– Analyser : regarder les options, celle qui remporte le plus de pour, pondérez avec des points au besoin.
– Limiter : les biais cognitifs qui brouillent notre perception.
– Se poser : prendre le temps pour gagner en clarté mentale et ouvrir de nouvelles perspectives.
– Se concentrer : gagner en qualité d’attention pour mieux observer et dissiper les malentendus.
– Diverger : laissez votre esprit vagabonder, respirez, imaginez en dehors des avis habituels.
– Eliminer : triez et facilitez vos choix, comme Mark Zuckerberg en ayant la même tenue vestimentaire.
– Prioriser : lâchez prise en remettant à plus tard certaines décisions moins importantes.
– Gérer : préférez le matin pour décider, le cerveau est plus reposé.
– Rassurer : faites confiance à votre instinct et appuyez-vous sur votre confiance personnelle.
– Aider : faites-vous aider en cas de doute, de forte hésitation, de difficulté importante.
– Maintenir : éviter de changer d’avis, sauf en cas de nouvelles informations, impactant votre décision.
– Accepter : une part d’incertitude, le risque de se tromper et envisager la possibilité de l’échec.
– Réguler : contrôlez vos réactions et vos émotions face aux événements.
Mieux décider est indispensable pour des managers et des dirigeants, et vous pouvez vous retrouver bloqué par la complexité de la situation. En coaching, nous profitons de ce temps ‘’lent’’ (hors de toute connexion et de sollicitation) pour faciliter la prise de décision complexe.
Photo de Victoriano Izquierdo sur Unsplash