« Je réagis mal aux critiques et je boude ». Chaque personne que j’accompagne prononce une phrase clé au cours de son coaching. Je vous livre ici ces moments, qui éclairent mon travail de coach. Le prénom a été changé.
« Je réagis mal aux critiques et je boude »
Camille a 50 ans environ, et est le chef cuisinier expérimenté d’un gros hôtel parisien de plusieurs centaines de chambres. Membre du comité de direction, il a sous sa responsabilité deux restaurants ainsi qu’un point de vente à emporter, avec une brigade d’une soixantaine de personnes.
Camille est un peu bourru, très investi, avec son métier chevillé au corps. Et il ne supporte pas la critique. Un mauvais avis sur Google, il devient renfrogné, s’isole dans le silence et boude. Autoritaire, il met encore plus la pression ; une vraie source de tensions au sein de ses équipes.
Les pistes de travail
La DRH de l’hôtel lui propose un coaching, afin de travailler sur sa façon de communiquer. Nous démarrons avec Camille, et j’exclus très rapidement un problème avec sa cuisine, car la majorité des avis sont positifs. Au-delà de sa communication brutale quand il est mécontent, nous travaillons aussi sa capacité à accueillir les commentaires négatifs.
Camille n’opère aucune différence entre sa propre personne et son métier. Remettre en question son travail, c’est donc s’en prendre à ce qu’il est. Confronté à une opinion contraire, il se sent profondément blessé et se referme sur lui-même.
Plus nous avançons, plus je mesure aussi qu’il n’existe pour lui qu’une seule façon de voir le monde, la sienne, et que « Les clients n’y connaissent rien » marmonne-t-il.
Le lâcher prise
Ensemble, nous avons donc travaillé le lâcher prise :
– Surmonter une ancienne blessure d’humiliation, en l’aidant à réaliser qu’elle appartenait au passé. Et faire ainsi la différence entre lui, en tant que personne, et son métier.
– Remettre les critiques à leur juste place. Elles ne font pas de Camille « un nul » ; elles peuvent même être une source de progression, tout en prenant sa part de responsabilité dans les retours qu’il obtenait.
– Admettre qu’il existe des goûts et sensibilités différents. L’autre a le droit d’avoir sa propre perception de son travail.
Un exercice en particulier lui a permis de progresser. Parce qu’il était avare de compliments avec son équipe, je l’ai invité à en formuler. Le résultat fut maladroit, mais lui a fait toucher du doigt que s’il était gauche dans l’expression de sa satisfaction, d’autres pouvaient l’être dans leurs reproches.
Après une douzaine de séances, les progrès sont au rendez-vous. De l’avis général, Camille est beaucoup moins bougon !
Photo de Eric Ward sur Unsplash