Le phénomène du repli sur soi fait l’objet du dernier livre du journaliste Vincent Cocquebert « La Civilisation du cocon ». Il décrypte notre obsession pour les espaces sûrs et sécurisés tels des cocons. Qu’en est-il ?
La recherche de la sécurité
Notre civilisation se replie sur elle-même et depuis des décennies. La pandémie a fortement amplifié le phénomène de repli sur soi. En effet, nous recherchons un espace sécurisé (safe care) pour nous protéger des dangers de l’extérieur. Une illustration concrète est la création des panic room, un espace physique ultra protégé, d’abord dans les ambassades et les lieux de pouvoirs puis dans les maisons des plus riches.
L’individuation de la société
Le phénomène de repli sur soi vient aussi du culte de soi, présent dans nos sociétés depuis plusieurs années, depuis au moins les années 80 avec le culte de la réussite et du fric. Avec une promesse de modernité et d’émancipation de chaque individu. Hélas, cette promesse était illusoire car chaque personne dispose de possibilités différentes, avec un degré de réussite forcément différent. Cela a créé une forme de désenchantement avec un mouvement de repli sur le foyer, considéré comme le lieu d’épanouissement. D’ailleurs, c’est dans ces années qu’apparaît le cocooning. L’extérieur n’a plus rien d’enchanteur.
L’impact des nouvelles technologies
L’arrivée d’internet et le développement des réseaux sociaux nous font rester dans des bulles, totalement alimentées par le fonctionnement en algorithmes. Car ce fonctionnement des réseaux sociaux contribue à nous donner à voir les mêmes informations, les mêmes avis et donc à rester avec soi.
Les risques du repli sur soi
Vincent Cocquebert tire la sonnette d’alarme en raison de plusieurs risques :
– La « risquophobie généralisée » : une aversion au risque, limitant la volonté entrepreneuriale, et amplifiant la recherche de l’épanouissement personnel.
– Puis l’anxiété : dans cette recherche du self care, à vouloir se protéger, nous pouvons tomber dans « trop se protéger » et générer beaucoup de stress quand cet objectif de sécurité est partiellement atteint.
– Ensuite, la difficulté à communiquer : à force de se sécuriser, d’éviter le conflit, nous pouvons être moins à l’écoute de l’autre, faire preuve de moins d’empathie et de fermer l’accès à l’autre.
– Enfin, le faible esprit collectif : l’individuation étant devenue la norme, le collectif est vraiment absent. Nous avons été capables lors du premier confinement, d’être un collectif, et nous nous sommes réindividualisés très rapidement.
Ce phénomène du repli sur soi s’est amplifié avec la pandémie. Nous perdons nos capacités de relation à l’autre et le goût du collectif. Nous avons en nous la possibilité de choisir un autre chemin.
Photo Rémi Thorel on Unsplash et pour lire l’article en totalité.