Le mot autorité a plus ou moins bonne presse aujourd’hui. Et nous pouvons nous interroger sur ce qu’elle signifie dans le management actuellement. Pouvez-vous manager sans autorité ? Ou au contraire devez-vous faire preuve d’autorité pour être un bon manager ? Regardons ensemble cette problématique et comment concilier management et autorité avec quelques conseils. Nous verrons que c’est très différent de l’autoritarisme.
S’accorder sur la notion d’autorité
Repartons à la source étymologique. Le mot « autorité » vient du latin auctoritas. Et, il se rattache par sa racine à auctor (l’auteur, celui qui fait), augere/augure (augmenter, accroître un acte juridique ou un droit) et augustus (celui qui renforce par son charisme). Donc, l’auctoritas est une notion permettant tant d’augmenter l’efficacité que de faire grandir à l’aide de son charisme.
Cependant, les dictionnaires actuels donnent une définition moins en lien avec l’autorictas. « Autorité = pouvoir de décider ou de commander, d’imposer ses volontés à autrui, du fait de sa valeur, de son expérience, de sa position dans la société, etc ».
Et cette notion de force est réfutée par Hannah Arendt, journaliste et philosophe. « L’autorité exclut l’usage de moyens de coercition. Là où la force est employée, l’autorité proprement dite a échoué. L’autorité n’est ni contrainte, ni persuasion, elle est influence ».
Management et autorité en coaching
Lorsque je coache des managers se questionnant sur leur autorité, c’est bien dans cette direction que je place l’autorité. Être porteur de l’auctoritas : un rôle d’influence pour faire grandir et augmenter l’efficacité des équipes et conduire le changement. Et immédiatement, les managers se sentent soulagés, comprenant le mélange confus d’autorité, de force et de contrainte.
Ainsi, le besoin d’autorité, au sens d’autorictas, est essentielle en management. Car elle permet de manager avec justesse et discernement pour orienter, développer, poser des limites et interdire si nécessaire. Une autorité responsable, prévenante, respectueuse et respectable qui apporte de la valeur ajoutée aux entreprises.
Des conseils pour faire grandir les équipes
Le manager a plusieurs casquettes dont celle de faire grandir les équipes en autonomie en leur faisant franchir différentes marches. Ce rôle va lui demander d’être présent sur plusieurs niveaux.
– La connaissance approfondie de l’équipe. Pour mieux travailler ensemble et renforcer les points forts de chacun.
– Une sincérité relationnelle et une écoute régulière. Faire preuve de respect et d’authenticité afin de comprendre le raisonnement de son interlocuteur et l’accepter. Trouver le bon équilibre entre la bienveillance et la capacité de s’affirmer pour exprimer un autre point de vue.
– La confiance. Sans réserve, laissant place aux nouvelles idées, aux initiatives, à l’envie de les réaliser avec un juste contrôle pour développer la responsabilisation.
– L’acceptation du droit à l’erreur. Accepter la prise de risques pour innover et avancer. Et donc accepter le possible échec en le voyant comme une source d’apprentissage, un encouragement à progresser.
– La fermeté. Fixer des règles, poser des limites pour restreindre les comportements abusifs, avec la volonté d’une organisation efficace dans son fonctionnement.
– La gentillesse. Intelligemment dosée pour apporter une humanité, une générosité dans les relations tout en ayant une réelle lucidité sur les objectifs à atteindre.
– L’assertivité. S’affirmer sans écraser l’autre, communiquer avec empathie et de manière positive, sans agressivité.
Ces quelques conseils pour allier autorité et management amènent les managers à identifier des axes à travailler.
La prise de conscience du management
Par conséquent, le travail en coaching pourra porter sur un de ces éléments pour lequel vous vous posez des questions. Ainsi, j’ai accompagné des managers, qui à la suite d’une réorganisation, ont vu leurs équipes passer de 10 à 30 collaborateurs. L’objectif était de les faire gagner en autonomie, les managers ayant moins de disponibilités vu la taille des équipes. Durant le process d’accompagnement, une prise de recul a été nécessaire quant à leur posture. Tous souhaitaient cette autonomie et peu acceptaient les petites erreurs, normales et naturelles, inhérentes à l’acquisition d’une nouvelle autonomie. Pourtant, ils oubliaient le droit à l’erreur ou d’être encore plus présents dans cette phase. Et faire grandir les équipes selon la définition d’autorictas nécessite bien sûr d’être à leurs côtés pour les accompagner.
Quand l’autorité flirte avec l’autoritarisme
Donc, être porteur de l’auctoritas est bien différent d’avoir de l’autorité, d’asseoir son autorité. D’un côté, être un référent pour faire grandir et de l’autre, conforter son pouvoir, son ascendance. Concilier autorité et management sans conseils est difficile pour certains et parfois les managers peuvent basculer vers l’autoritarisme. « Le comportement d’une personne autoritaire, qui use ou abuse de son pouvoir et n’admet pas la contradiction ».
Être autoritaire repose sur plusieurs raisons, notamment l’impuissance du manager d’obtenir ce qu’il veut ou encore son absence de légitimité.
Cela a quelques avantages d’être autoritaire. En effet, un gain de temps en ordonnant les choses à faire, un processus de décision raccourci. Et aussi un égo satisfait par un sentiment de supériorité sur les autres. De même, cela a aussi des inconvénients : un frein sur la motivation et l’engagement des collaborateurs. Ensuite une peur de l’équipe avec les modes réactionnels liés à cette émotion et donc beaucoup de souffrance. Pour en savoir plus, voir mon article sur les réactions émotionnelles.
Concilier management et autorité
Lorsque j’ai coaché Julien, l’objectif était de « rendre son management moins dur » pour reprendre ses propos. En effet, excellent dans la gestion de son entité et dans les résultats obtenus, il manageait ses équipes d’une main de fer. Entre autres, une pression énorme, une exigence hyper élevée sur la qualité à rendre. Et une attitude cassante, avec une distance relationnelle forte et parfois des propos au bord de l’humiliation.
Pourtant, l’intention de Julien était bonne, maintenir les excellents résultats voire les faire progresser. En revanche, le comportement associé était largement inadapté. Donc cette situation était mauvaise pour tous et le travail a porté sur l’alignement de l’intention et le comportement managérial. Alors, comment remettre de la fluidité relationnelle, manager avec une pression acceptable, le tout dans une croyance préalablement travaillée avec Julien. En effet, sa croyance qu’être autoritaire valait d’être excellent et que s’il changeait vers l’autorictas, il le serait moins. Cette évolution managériale a permis une meilleure adhésion des salariés et un fonctionnement plus fluide et plus respectueux. Et cela a demandé aussi des efforts et du temps pour construire ces relations et développer les capacités relationnelles du manager. Avec au bout de ce travail et ces conseils, une autorité et un management qui respectent et qui génèrent du respect.
Par conséquent, vous l’avez compris, l’autorité managériale est nécessaire pour accompagner une équipe. Encore faut-il être à l’aise avec. Le travail en coaching permet de s’accorder sur la juste définition de celle-ci et de travailler la posture managériale sous différents angles.
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Merci aux auteurs des photos (via Unsplash). Par ordre d’apparition : Elijah Macleod, Hello I’m Nik, Faye Cornish, Matthew Feeney